Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/126

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venais de concevoir, quand cette porte, sur laquelle j’avais constamment les yeux attachés, s’ouvrit ; j’en vis sortir une femme, que, malgré l’obscurité, je reconnus pour être à mademoiselle de Mailly.

Je m’avançai vers elle ; il me sembla qu’elle me reconnaissait ; mais, loin de m’attendre, elle s’éloigna avec beaucoup de vitesse. L’envie de m’éclaircir d’un procédé qui m’étonnait, et de savoir ce qui l’obligeait de sortir à une heure si indue, m’engagea à la suivre. Après avoir traversé plusieurs rues, elle entra dans une maison, en ressortit un instant après avec une autre femme, et revint chez M. de Mailly. Je la suivais toujours, et de si près, que celui qui leur ouvrit la porte crut apparemment que j’étais avec elles, et me laissa entrer.

Elles furent tout de suite à l’appartement de mademoiselle de Mailly. Elles étaient si occupées, et allaient si vite qu’elles ne prirent pas garde à moi ; j’aurais pu même entrer dans la chambre ; mais, quoiqu’elle fût fermée, il m’était aisé de comprendre qu’il s’y passait quelque chose d’extraordinaire. Je rêvais à ce que ce pouvait être, quand des cris que j’entendais de temps en temps, qui furent suivis peu de moments après de ceux d’un enfant, m’éclaircirent cet étrange mystère. Je ne puis vous dire ce qui me passait alors dans l’esprit ; un état aussi violent ne permet que des sentiments confus. Le battement de mon cœur, l’excès de mon trouble et de mon saisissement étaient ce que je sentais le mieux.

La femme que j’avais vue entrer avec celle de mademoiselle de Mailly, sortit. Je la suivis sans avoir de