Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette dernière condition, répliqua le comte de Canaple, le met hors d’état de vous obéir. Donnez-moi le temps, mademoiselle, de lui parler ; je suis sûr qu’il ne saurait être coupable. Hélas ! que pourra-t-il vous dire, répartit-elle ? N’importe, parlez-lui ; aussi bien je vous ai trop montré ma faiblesse, pour vous dissimuler l’inquiétude et la crainte que son état me donne.

M. de Châlons attendait son ami avec une extrême impatience. Qu’allez-vous m’apprendre, lui dit-il d’une voix entrecoupée, aussitôt qu’il le vit approcher de son lit ? Que, si les soupçons que vous avez de la fidélité de mademoiselle de Mailly, répliqua M. de Canaple, n’ont pu éteindre votre amour, elle vous aime encore, quoique vous soyez aussi coupable à ses yeux, qu’elle l’est aux vôtres. Qu’est-ce que votre combat contre M. de Liancourt, et l’enlèvement de sa sœur, dont vous êtes accusé, et dont je n’ai pu vous justifier ? Ce que j’ai fait pour mademoiselle de Liancourt, reprit M. de Chalons, n’intéresse ni mon amour, ni ma fidélité. Je vous éclaircirai pleinement cette aventure ; mais, mon cher Canaple, dites-moi plus en détail tout ce qu’on vous a dit ; les moindres circonstances, le son de la voix, les gestes, tout est important.

Quoique M. de Canaple lui rendît le compte le plus exact de la conversation qu’il venait d’avoir, il ne se lassait point de lui faire de nouvelles questions ; il lui faisait répéter mille fois ce qu’il venait de lui entendre dire. Après toutes ces répétitions, il croyait encore n’avoir pas bien entendu. Vous avouerai-je ma peine, lui disait-il ? je ne puis me pardonner les soupçons que je vous ai laissé voir ; ils auront fait impression