Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/15

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sont les propres expressions de Duclos) : ne pouvant diriger ses désirs de fortune et les moyens qu’elle se sentait pour les satisfaire, vers aucun objet qui lui fût personnel, l’avancement de ce frère devint son unique pensée, son unique affaire. Le caractère du prince, qui gouvernait alors la France, lui donnait lieu de croire qu’avec de la jeunesse et des charmes, elle n’y travaillerait pas sans succès. Mais ce prince n’aimait point qu’une jolie femme lui parlât d’affaires : il l’avait déjà dit d’une manière fort galante à madame de Parabère, l’une de ses maîtresses. Il s’exprima dans le même sens au sujet de madame de Tencin, mais en termes moins honnêtes, et que je ne rapporterai pas. L’abbé Dubois, qui n’avait point là-dessus la même répugnance que le régent, l’écouta plus favorablement, et elle en obtint tout ce qu’elle pouvait désirer. Son frère fut chargé de la conversion du fameux Law : ce qui lui valut, dit Duclos, beaucoup d’actions et de billets de banque. Ensuite il fut envoyé ambassadeur à Rome, où il contribua puissamment à l’élection du pape Innocent XIII, et fit donner à l’abbé Dubois le chapeau de cardinal. Enfin, il l’obtint pour lui-même, lorsqu’il était archevêque d’Embrun, et de ce siège il passa à celui de Lyon, qu’il occupa jusqu’à sa mort. Cette fortune prodigieuse fut, en très-grande partie, l’ouvrage de madame de Tencin. Ne serait-ce point trop loin pousser l’indulgence que de chercher, dans la fin louable qu’elle se proposait, une sorte d’excuse aux moyens peu réguliers qu’elle employait pour y parvenir ?

La carrière de l’intrigue n’est pour personne exempte