Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/153

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M. de Granson lui marquait, elle redoublait de soin et d’attention.

Comme il suivait le roi, il ne partit pas sitôt que M. de Canaple. Madame de Granson s’aperçut que sa présence le contraignait. Sans lui faire de reproche, sans marquer le moindre mécontentement, elle se disposa à aller à Calais, pour être plus à portée des nouvelles de l’armée, et pour être avec un père qu’elle aimait, et dont elle était tendrement aimée. C’était, dans la disposition où son cœur était alors, une consolation et un besoin, de pouvoir se livrer aux sentiments d’une amitié permise.

M. de Vienne reçut sa fille avec joie : elle fut visitée de tout ce qu’il y avait dans la ville de gens considérables. Mademoiselle de Mailly ne fut pas des dernières à s’acquitter de cette espèce de devoir. Elles avaient l’une et l’autre les qualités qui préviennent si favorablement, et qui font naître l’inclination ; aussi, dès le premier moment de la connaissance, se trouvèrent-elles dans la même liberté que si elles s’étaient connues depuis longtemps. Madame de Granson, charmée des agréments et de l’esprit de mademoiselle de Mailly, en parlait souvent à M. de Vienne.

Je voudrais, lui disait-elle, passer mes jours avec une si aimable fille ; mais je meurs de peur qu’elle ne nous soit bientôt enlevée par quelque grand mariage. Ce mariage pourrait au contraire la rapprocher de vous, répondit M. de Vienne. Canaple, dans le séjour qu’il a fait ici, a paru fort attaché à elle ; il y est revenu sans autre besoin que celui de la voir ; et l’on m’amena, il y a quelques jours, un homme chargé