Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/164

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de Mailly, dont les passions étaient violentes, avait conçu tant de chagrin de ne pouvoir satisfaire sa haine et sa vengeance, qu’elle en était tombée malade. Mademoiselle de Mailly ne pouvait se séparer de sa belle-mère, encore moins abandonner un père dans un temps si malheureux. M. de Vienne, qui avait pour M. de Mailly les égards dus à sa naissance, le laissa le maître de son sort, dès qu’il fut instruit de ses raisons, et n’obligea personne de sa maison de subir l’ordonnance qu’il fit publier, que tous ceux qui étaient inutiles à la défense de la place, eussent à en sortir.

Édouard ne tarda pas à venir reconnaître Calais ; et, persuadé qu’il ne pouvait l’emporter par la force, il résolut de l’affamer. Dans ce dessein, on établit entre la rivière de Haule et la mer, un camp qui prit la forme d’une nouvelle ville. Philippe, à qui la perte de la bataille de Creci n’avait rien fait perdre de son courage, se préparait à tout mettre en usage pour sauver une place si importante. M. de Canaple l’avait assuré, à son retour, que M. de Vienne se défendrait jusqu’à la dernière extrémité, et donnerait le temps d’assembler une nouvelle armée. Philippe, pour être plus à portée de faire des recrues, quitta la Picardie, et laissa, pour la défendre, mille hommes d’armes, sous la conduite de M. de Canaple.

Les soins qu’il s’était donnés pour être instruit du sort de M. de Châlons, avaient été inutiles ; mais, pour ne pas désespérer mademoiselle de Mailly, il lui avait laissé des espérances qu’il n’avait pas lui-même.

Il était vrai cependant que M. de Châlons était prisonnier ; il avait été trouvé, après la bataille, sous un