Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/17

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cette marque tardive et équivoque d’amour maternel, répondit : Je ne connais qu’une mère, c’est la vitrière. J’aime à croire qu’en cette occasion le cœur de madame de Tencin lui reprocha bien vivement d’avoir sacrifié le plus doux et le plus naturel des devoirs, au soin d’une réputation qu’elle avait déjà fortement compromise.

C’était peu que jusqu’ici madame de Tencin eût mené une vie agitée par les passions ; elle devait essuyer un des coups du sort les plus accablants et les moins prévus. Elle fut impliquée très-gravement dans une affaire criminelle. Un nommé de la Fresnaye, conseiller au grand conseil, se tua chez elle d’un coup de pistolet. Ce suicide, dont les causes et les détails ne sont point venus à ma connaissance, prit d’abord aux yeux de la justice, le caractère d’un assassinat. Madame de Tencin fut soupçonnée d’y avoir contribué, par la seule raison sans doute que ce prétendu meurtre avait été commis dans son appartement. Elle fut mise au Châtelet, d’où on la transféra à la Bastille. Cependant la justice fut éclairée, revint de ses préventions, et renvoya madame de Tencin pleinement justifiée de l’odieuse imputation qu’on lui avait faite.

Ici commence pour madame de Tencin une existence toute nouvelle, toute différente. Ce n’est plus cette femme que l’empire pernicieux des mœurs et des opinions de son temps, la fougue et l’irréflexion de son âge, l’ardeur de son esprit, de son âme et de ses sens, et, plus que tout cela peut-être, son excessif dévouement aux intérêts d’un frère, avaient précipitée dans mille écarts de conduite et de sentiments. Elle