Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/175

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guère au-dessus de seize ans ; tout cela la rendait touchante au dernier point.

Mademoiselle de Mailly, que j’avais déjà vue auprès de madame sa belle-mère, vint à elle, et la secourut, avec des témoignages d’amitié dont je lui savais autant de gré que d’un service qu’elle m’aurait rendu. Il me parut que l’état de cette fille lui faisait une sorte de compassion, qui n’était point celle que l’on a pour un mal aussi passager ; je crus même entendre qu’elle lui disait quelques mots de consolation.

Soyecourt, qui n’avait pas eu d’abord connaissance de cet accident, accourut à nous, comme un homme éperdu. Cette fille reprenait dans ce moment la connaissance ; elle promenait languissamment ses yeux sur tout ce qui l’environnait, et, comme je lui étais inconnu, elle les fixa sur moi. Son regard, le plus beau du monde, et le plus touchant, le devenait encore davantage, par la tristesse qui y était répandue ; j’en fus pénétré, et, dès lors, que n’aurais-je point fait pour adoucir ses peines ! Mademoiselle de Mailly, après lui avoir dit quelques mots à l’oreille, et nous avoir remerciés de notre secours, la prit sous les bras, et entra avec elle dans la maison, où il ne nous était pas permis de la suivre.

Soyecourt et moi restâmes encore quelque temps ensemble. L’état où je l’avais vu, lorsqu’il nous avait abordés, me faisait soupçonner qu’il était amoureux, et ce que je commençais à sentir moi-même m’engageait à m’en éclaircir.

Quelle est cette personne, pour laquelle vous venez de montrer tant de sensibilité, lui dis-je ? C’est, me