Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/178

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valoir mieux que Soyecourt, je me persuadais que je saurais mieux aimer, et que la vivacité de mes sentiments me donnerait des moyens de plaire qu’il n’avait pu employer. L’amitié qui était entre nous ne me faisait naître aucun scrupule : je ne pouvais lui faire de tort, puisqu’il n’était pas aimé.

J’allai, dès que je le pus, chez madame de Mailly : mademoiselle de Mailly était avec elle ; je lui demandai des nouvelles de mademoiselle de Roye. Comment monsieur, dit madame de Mailly en s’adressant à elle, est-il instruit de l’accident d’Amélie ? Il en a été témoin, répondit mademoiselle de Mailly, et c’est en partie par ses soins que mademoiselle de Roye a repris la connaissance. Il me paraît, dit madame de Mailly d’un ton où je sentais de l’aigreur, qu’il aurait été plus convenable qu’Amélie fût secourue par les personnes du couvent, que par un homme de l’âge et de la figure de milord d’Arondel. Elle est ici, me dit-elle ; mademoiselle de Mailly, qui a de la bonté pour elle, a désiré que j’envoyasse la chercher.

Mademoiselle de Roye se montra quelques moments le lendemain dans la chambre de sa tante. Quoiqu’elle fût abattue et que la mélancolie fût répandue sur toute sa personne, elle ne m’en parut pas moins aimable ; peut-être même me le parut-elle davantage. Madame de Mailly m’examinait ; je m’en aperçus, et je me contraignis au point de ne regarder mademoiselle de Roye et de ne lui parler qu’autant que la politesse le demandait. Pour elle, à peine osait-elle lever les yeux, et prononcer quelques mots.

Cependant je prenais insensiblement du crédit auprès