Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/180

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faut pas qu’il soit témoin d’une cérémonie qui pourrait l’attendrir encore.

Une conduite dont les motifs paraissaient si honnêtes attira l’admiration et les remerciements de M. de Mouy. Pour y répondre, il crut devoir lui-même parler à mademoiselle de Roye, et lui expliquer les raisons qu’il avait de s’opposer au dessein de son neveu.

Mademoiselle de Roye les reçut avec tant de douceur, tant de raison, tant de vérité, que lui, qui avait toujours eu pour le mariage le plus grand éloignement, sentit qu’une personne de ce caractère ferait la félicité d’un mari. Les charmes de mademoiselle de Roye achevèrent ce que son esprit avait commencé ; et l’oncle, après quelques jours, fut aussi amoureux que le neveu. Quoique cette démarche démentît toute sa conduite passée, il se détermina à se proposer lui-même.

Un établissement aussi avantageux mis en parallèle avec le cloître, auquel il paraissait que mademoiselle de Roye ne se déterminait que par effort de raison, ne laissait pas douter à M. de Mouy que sa proposition ne fût reçue avec joie. Quel fut son étonnement de trouver mademoiselle de Roye dans des sentiments bien différents ? Ne croyez pas, lui dit-elle, qu’une inclination secrète pour M. de Soyecourt cause mon refus ; pour ne vous laisser aucun doute, je vais me hâter de renoncer absolument au monde.

J’étais si souvent chez madame de Mailly, qu’il était difficile que j’ignorasse ce qui se passait. Mademoiselle de Mailly, qui m’honorait de quelque estime et de quelque confiance, m’en avait dit une partie, et madame de Mailly m’apprit tout ce que je ne savais pas. Un jour que j’étais