Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/188

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j’examinais les démarches de mademoiselle de Roye ; je pesais surtout ce que j’avais vu ; je rassemblais mille petits riens, auxquels je n’avais osé donner une interprétation favorable, et qui me faisaient alors naître quelques espérances, et me donnaient un sentiment de joie et de plaisir, que la crainte de me tromper arrêtait aussitôt. Je voulais absolument m’éclaircir ; bien résolu, si j’étais aimé, d’épouser mademoiselle de Roye, et de m’exposer, s’il le fallait, à toute la colère du roi, pour rompre mon engagement avec mademoiselle d’Hamilton.

Je n’imaginai d’abord, pour obtenir cet éclaircissement, aucun moyen où il ne se présentât des monstres de difficultés. Enfin, après avoir bien examiné ce qui pouvait être susceptible de quelque possibilité, je trouvai que je n’avais rien de mieux à faire que de m’introduire dans le couvent. Les difficultés de l’entreprise ne m’arrêtèrent point ; j’étais sûr de les aplanir. Je gagnai effectivement le jardinier et celles à qui la porte était confiée : mais je n’en étais guère plus avancé ; il fallait une occasion ; le hasard me servit.

J’entendis dire, chez madame de Mailly, que l’on devait porter des meubles à mademoiselle de Roye. J’allai aussitôt trouver les amis que je m’étais faits ; nous convînmes qu’ils se chargeraient des meubles, et que, ne pouvant les placer sans secours, j’y serais employé. Nous choisîmes le temps où les religieuses sont retenues au chœur. Nous voilà en marche, le jardinier, les portières, et moi, chacun chargé de notre fardeau. Débarrassés du leur, ils me laissèrent dans la chambre, où j’étais bien occupé à faire un métier que j’entendais mal.