Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/203

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aventure, me firent penser que je ne pouvais rien faire de mieux, que de m’ouvrir à elle.

J’eus lieu de m’applaudir du parti que j’avais pris. Elle convint avec moi que, lorsque le temps des couches serait proche, elle mènerait M. de Mailly et mademoiselle sa fille à une terre qui lui appartenait, et que, pour ne point donner de soupçons dans le couvent, j’irais chercher mademoiselle de Roye, de la part de sa tante ; que je la conduirais dans la maison de M. de Mailly, où il n’y aurait aucun domestique, que ma femme et moi ; que ma femme, qui est au service de Mademoiselle de Mailly, lui demanderait, sous quelque prétexte, la permission de rester quelques jours à Calais. Madame de Mailly me dit encore qu’il fallait que mademoiselle de Roye ensevelît sa honte dans le cloître, et que je devais l’y disposer.

Les choses s’exécutèrent de la façon dont madame de Mailly l’avait réglé. Mademoiselle de Roye fut menée chez M. de Mailly, où elle accoucha dans la chambre de mademoiselle de Mailly même. Le péril où elle était nous parut si grand, et ma femme était si peu propre à lui donner les secours convenables, qu’il fallut qu’elle allât, au milieu de la nuit, chercher une femme du métier.

Depuis que milord d’Arondel avait commencé de parler, M. de Chalons, agité de mille passions, l’aurait interrompu cent fois, si le désir d’être plus pleinement éclairci n’avait retenu son impatience ; mais, n’étant plus alors son maître, et embrassant milord d’Arondel, en lui serrant les mains de la manière la plus tendre : Vous me rendez la vie une seconde fois,