Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/210

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ce qui en serait arrivé, si M. du Boulai avait vécu encore quelque temps.

Forcée d’abandonner ce projet, madame de Mailly forma celui dont j’ai été chargé. Elle espérait par-là satisfaire également sa haine et sa vengeance ; car, seigneur, j’avais ordre de faire tomber sur vous tous les soupçons de milord d’Arondel, de lui inspirer de vous voir l’épée à la main, de l’engager à faire un éclat qui perdît d’honneur mademoiselle de Mailly, et qui vous donnât à vous-même le plus profond mépris pour elle. Quelle horreur ! s’écria M. de Châlons : À quoi mademoiselle de Mailly n’est-elle pas exposée ! S’il ne fallait que ma vie, j’irais la sacrifier à la haine de mon ennemie ; aussi bien ne la conserverai-je pas longtemps, s’il faut que je perde toute espérance. Mais madame de Mailly me hait bien moins, qu’elle ne hait mademoiselle de Mailly ; peut-être même ne me hait-elle que pour avoir le droit de la haïr. Que ferons-nous, mon cher Saint-Val ? Comment apprendre à mademoiselle de Mailly les noirceurs que l’on avait préparées contre elle, et dont il est si important qu’elle soit informée ? comment la faire revenir des funestes engagements qu’elle a pris contre moi ? comment remplir auprès de madame d’Arondel les intentions de son mari ?

En vérité, seigneur, lui dit Saint-Val, j’y suis bien embarrassé : la façon dont j’ai exécuté les ordres de madame de Mailly ne me permet pas de me montrer chez elle ; d’ailleurs, il n’est plus possible de pénétrer dans Calais.

M. de Châlons sentait toutes ces difficultés. Saint-