Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/222

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soin, mais non pas tout à fait avec la même disposition.

Cependant le découragement était général dans Calais ; les plus braves n’avaient plus la force de faire usage d’une bravoure qui ne pouvait que reculer de quelques jours leur perte ; il ne restait d’espérance que dans les efforts que Philippe se disposait à faire pour attaquer le camp des Anglais. Édouard, averti de ses desseins, ajoutait de nouvelles fortifications à son camp.

Milord d’Arondel eut ordre de marcher vers Hesdin, pour observer l’armée de Philippe. Il fallut obéir, quelque peine qu’il eût de s’éloigner, sans être instruit du sort de madame d’Arondel, dont M. de Châlons, qu’il croyait dans Calais, pouvait à tous moments lui donner des nouvelles. Son fils, encore entre les mains des femmes, n’était pas en état de le suivre, et il sentait vivement cette privation. Les soins qu’il prenait de cet enfant satisfaisaient en quelque sorte sa tendresse pour la mère. C’était à elle que s’adressaient les caresses qu’il lui faisait, et il croyait en recevoir de la mère, quand il en recevait de son enfant. Seulement il se reprochait quelquefois de goûter des douceurs qu’il ne partageait pas avec elle.

Après avoir mis auprès de ce fils ceux de ses domestiques en qui il avait le plus de confiance, il marcha à la tête d’un corps de quatre mille hommes. Philippe était parti d’Amiens où il avait assemblé son année, et s’était avancé jusqu’à Sangate ; il envoya de là les maréchaux de Saint-Venant et de Beaujeu reconnaître le camp des Anglais ; et, sur leur rapport,