Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/223

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l’ayant jugé inattaquable, il fit offrir la bataille au roi d’Angleterre qui la refusa. N’ayant plus aucun moyen de secourir Calais, il se vit forcé de se retirer.

Milord d’Arondel donna avec sa petite troupe sur l’arrière-garde de l’armée française, enleva une partie du bagage, et fit plusieurs prisonniers. Cette expédition finie, il reprit le chemin du camp d’Édouard.

Un jour qu’il avait campé dans une plaine à l’entrée d’un bois, on vint l’avertir que quelques soldats, tentés par le butin, avaient entrepris de forcer une maison religieuse située au milieu de ce bois. Il y accourut aussitôt. Sa présence fit cesser le désordre, presque dans le moment qu’il avait commencé ; mais il fallut plus de temps pour rassurer des filles que l’habitude de vivre dans la solitude et dans la retraite rendait encore plus susceptibles de frayeur.

La porte de la maison, qui avait été forcée, donnait à Milord d’Arondel la liberté d’y entrer. Les religieuses, empressées de lui marquer leur reconnaissance, le menèrent dans un très grand enclos qui fournissait à leur nourriture et qui servait à leur promenade. En passant sur un petit pont rustique, pour traverser un ruisseau, il vit, du côté où il allait, une personne assise sur une pierre, dont la rêverie était si profonde, qu’elle ne s’aperçut que l’on venait à elle, que lorsqu’on en fut proche. Sans regarder ceux qui s’avançaient, elle se leva pour s’éloigner. Mais milord d’Arondel l’avait assez vue pour aller à elle, et la prendre entre ses bras avec les plus vifs transports de l’amour.

Reconnaissez-moi, ma chère Amélie, lui disait-il ;