Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/226

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milord d’Arondel, le ciel aura pitié de moi : vous ne mourrez point, ou je mourrai avec vous.

Si je pouvais, reprit madame d’Arondel, remettre entre vos bras un fils que nous avions, je mourrais avec moins de regret ; mais, malgré mes soins et mes prières, il m’a été enlevé, et nous l’avons perdu pour toujours. Non, ma chère Amélie, il n’est point perdu ; vous l’auriez déjà auprès de vous, si je n’avais craint de vous donner une trop grande émotion. Vous ne savez pas, lui dit-elle en le regardant de la manière la plus tendre, combien vous êtes aimé ; mon fils, sans vous, serait tout pour moi ; avec vous, il n’est que mon fils. S’il est possible, donnez-moi la consolation de l’embrasser.

Milord d’Arondel, qui avait eu soin de faire venir son fils aussitôt qu’il avait retrouvé madame d’Arondel, ordonna qu’on allât le chercher. Elle se trouva, en le voyant, plus sensible qu’elle n’avait pensé. Elle voulut l’avoir auprès d’elle ; elle ne cessait de lui faire des caresses. Tu m’as causé bien des malheurs, lui disait-elle en l’embrassant ; mais je ne t’en aime pas moins. Comment ne l’aimerais-je pas, ajoutait-elle, en s’adressant à milord d’Arondel ! c’est notre fils, c’est un lien de plus qui nous unit.

Soit que la joie fît une prompte révolution sur madame d’Arondel, soit que sa maladie fût à son dernier période, elle se trouva considérablement mieux dès la même nuit : la fièvre la quitta peu de jours après. Ce ne fut qu’alors que M. d’Arondel lui conta ce qu’il avait appris de Saint-Val, et la façon presque miraculeuse dont leur fils avait été retrouvé. Mais, ajouta-t-il,