Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/233

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Quelque admiration que la vertu d’Eustache fît naître, il semblait que le ciel, pour le récompenser, voulait que sa famille fournît seule des exemples de courage. Jean d’Aire, Jacques de Wuisant, et Pierre, son frère, tous proches parents d’Eustache, se présentèrent.

Le nombre n’était pas encore complet. M. de Vienne, employa, pour y être reçu, les mêmes soins et la même industrie que d’autres auraient mis en œuvre pour s’en exempter. Mais les députés, pleins de respect et de vénération pour une vertu si héroïque, loin de l’écouter, s’appuyèrent sur les ordres d’Édouard, et déclarèrent qu’ils ne pouvaient les changer.

Madame de Granson, instruite de tout ce qui se passait, ne voyait que des abîmes. Ce n’était qu’en exécutant les conditions imposées que la vie de ce père si cher pouvait être en sûreté ; ce n’était qu’à ce prix qu’elle pouvait elle-même se sauver de la fureur du soldat victorieux. Que faisait M. de Canaple ? qu’étaient devenues les espérances qu’il avait données ? pourquoi ne paraissait-il point ? avait-il cessé d’être généreux ? Ce malheur me manquait, disait-elle ! il faut, pour mettre le comble à ma honte, qu’il soit même indigne de l’estime que j’avais pour lui, de cette estime que je me reprochais, et que j’étais pourtant bien aise de lui devoir !

Mademoiselle de Mailly qui, depuis qu’elle logeait dans le château, était dans l’habitude de voir madame de Granson, vint s’affliger avec elle. La mort n’était point ce qu’elle craignait ; depuis qu’elle avait perdu M. de Châlons, elle la regardait comme un bien ; des