Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/271

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per. Comment avez-vous trouvé Barbasan, dit un de nos petits-maîtres, en s’adressant à ma mère ? il ne manque pas absolument d’esprit ; et, pour un homme qui n’a pas été dans un certain monde, il n’y est point trop déplacé. Quel est-il, dit ma mère ? On prétend, répondit celui qui avait parlé, qu’il est d’une ancienne maison de Gascogne ; mais je n’en crois rien. Pourquoi n’en parlerait-il point ? pourquoi ne s’en ferait-il pas valoir ? ce secours ne serait-il pas nécessaire à quelqu’un qui n’a aucune fortune ? Il a mieux que la fortune, dit le commandeur de Piennes, qui n’avait pas encore parlé : il a des sentiments d’honneur. À l’égard de sa naissance, je puis vous répondre que tel qui vante la sienne, et qui en rompt la tête à tout propos, lui est très inférieur par cet endroit ; mais, quoiqu’il connaisse le prix que ces sortes de choses ont dans le monde, il n’a pas le courage de leur donner une valeur qu’elles n’ont pas à ses yeux.

Je ne puis dire le plaisir que me fit cet honnête homme ; moins, à ce que je croyais, du bien qu’il avait dit de Barbasan, que de ce qu’il avait humilié l’orgueil du petit-maître.

Nous sortîmes de bonne heure pour faire des visites : jamais elles ne m’avaient paru si ennuyeuses. Ce fut bien pis encore ; ma mère, qui n’avait point de souper arrangé chez elle, s’arrêta dans une maison. Je fus louée, admirée même ; mais ce n’était pas pour tous ces gens-là que j’avais pris tant de peine d’être jolie.

Revenue au logis, je lus avec soin la liste des visites ; le nom que je cherchais ne s’y trouva point ; j’en fus