Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/305

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une chambre, ou plutôt un cachot, qui ne recevait qu’une faible lumière d’une petite fenêtre très haute, et grillée avec des barreaux de fer qui achevaient d’intercepter le jour. Barbasan était couché dans un mauvais lit, et avait la tête tournée du côté du mur. La dame s’assit sur une chaise de paille, qui composait tous les meubles de cette affreuse demeure.

Après quelques moments et quelques mots de consolation au malade, elle se leva pour aller visiter d’autres prisonniers, et me laissa seule auprès de lui. Il s’était mis sur son séant, pour remercier la personne qui lui parlait. J’étais debout devant son lit, tremblante, éperdue, abîmée dans mes larmes, et n’ayant pas la force de prononcer une parole. Barbasan fixa un moment les yeux sur moi, et me reconnut. Ah ! mademoiselle, que faites-vous, s’écria-t-il ?

Les larmes, qu’il voulut en vain retenir, ne lui permirent pas d’en dire davantage. Les moindres choses touchent de la part de ce qu’on aime, et l’on est encore plus sensible dans les temps de malheur. Ce titre de mademoiselle, qui était banni d’entre nous, me frappa d’un sentiment douloureux. Je ne suis donc plus votre Pauline, lui dis-je en lui prenant la main, et la lui serrant entre les miennes ? vous voulez mourir, vous voulez m’abandonner !

Sans me répondre, il baisait ma main et la mouillait de ses larmes. À quel bonheur, dit-il enfin, faut-il que je renonce ! Oubliez-moi, poursuivit-il en poussant un profond soupir ; oui, je vous aime trop pour vous demander un souvenir qui troublerait votre repos. Ah ! m’écriai-je à travers mille sanglots, par pitié pour