Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/33

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sur lui ; aussi continua-t-il avec plus de vivacité que jamais les poursuites qu’il avait commencées.

Les choses étaient en cet état, quand je revins des voyages qu’on m’avait fait faire après mes études.

Peu de jours après mon arrivée, l’abbé de R…, parent de ma mère, donna avis à mon père que les titres d’où dépendait le gain de son procès étaient dans les archives de l’abbaye de R…, où une partie des papiers de notre maison avait été transportée pendant les guerres civiles.

Mon père était prié de garder un grand secret, de venir lui-même chercher ses papiers, ou d’envoyer une personne de confiance à qui on pût les remettre.

Sa santé, qui était alors mauvaise, l’obligea à me charger de cette commission. Après m’en avoir exagéré l’importance : Vous allez, me dit-il, travailler pour vous plus que pour moi ; ces biens vous appartiendront ; mais, quand vous n’auriez nul intérêt, je vous crois assez bien né pour partager mon ressentiment, et pour m’aider à tirer vengeance des injures que j’ai reçues.

Je n’avais nulle raison de m’opposer à ce que mon père désirait de moi ; aussi l’assurai-je de mon obéissance.

Après m’avoir donné toutes les instructions qu’il crut nécessaires, nous convînmes que je prendrais le nom de marquis de Longaunois, pour ne donner aucun soupçon dans l’abbaye, où madame de Lussan avait plusieurs parents. Je partis, accompagné d’un vieux domestique de mon père et de mon valet de chambre. Je pris le chemin de l’abbaye de R… ; mon voyage fut heureux. Je trouvai dans les archives les titres