Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/340

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mal augmenta, et on lui annonça qu’il fallait se préparer à la mort. Elle voulut encore parler à mademoiselle d’Essei. Il faut, quand je ne serai plus, lui dit-elle, que vous retourniez auprès de ma sœur : c’est là que vous devez attendre la déclaration de votre mariage ; tout autre lieu blesserait la bienséance : vous pouvez lui confier votre secret ; la tendresse qu’elle a pour vous vous répond de sa discrétion.

Madame de Polignac ne vécut que quelques heures après cette conversation ; elle mourut entre les bras de mademoiselle d’Essei, et la laissa inconsolable. Le comte de Blanchefort l’arracha de ce château, la mena à l’abbaye du Paraclet, et de-là à une maison de campagne où l’abbesse était alors, sans qu’elle sût presque où on la menait.

Madame du Paraclet aimait tendrement sa sœur : elle la pleura avec mademoiselle d’Essei, et les premiers jours ne furent employés qu’à ce triste exercice. Mais, quand la douleur de mademoiselle d’Essei se fut un peu modérée, sa situation, à laquelle elle n’avait presque pas réfléchi, commença à l’étonner : elle en parla à madame du Paraclet : je suis persuadée, dit-elle, que le comte de Blanchefort vous tiendra sa parole. Mais enfin, il peut y manquer ; il vous voit tous les jours : il faut, sans lui marquer une méfiance injurieuse, le déterminer à ce qu’il doit faire.

La grossesse de mademoiselle d’Essei, dont elle s’aperçut alors, ne lui permettait plus de différer la publication de son mariage. Je vous ai donné, par ma confiance, dit-elle au comte de Blanchefort, la marque d’estime la plus flatteuse que je pusse vous donner ; j’attendrais même avec tranquillité les arrangements