Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/341

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que vous êtes peut-être obligé de prendre pour déclarer notre mariage, si ma grossesse, dont je ne puis douter, m’en laissait la liberté.

Le comte de Blanchefort parut transporté de joie, dans ce premier moment, d’apprendre que mademoiselle d’Essei était grosse ; il l’embrassa avec beaucoup de tendresse. Le nouveau lien qui va être entre nous, lui dit-il, m’attache encore, s’il est possible, plus fortement à vous. Je partirai demain pour demander au connétable de Luynes, qui m’honore d’une amitié particulière, de faire approuver mon mariage au roi et à la reine : je suis nécessairement attaché à la cour par mes emplois ; il faut m’assurer que vous y serez reçue comme vous devez l’être.

Je n’ai rien à vous prescrire, répliqua mademoiselle d’Essei ; mais je vous prie de songer que tous les moments que vous retardez exposent ma réputation. Doutez-vous, lui dit-il, qu’elle ne me soit aussi chère qu’à vous ? Mon voyage ne sera que de peu de jours, et j’aurai bientôt la satisfaction de faire admirer mon bonheur à toute la cour.

Mademoiselle d’Essei, qu’aucun soupçon n’alarmait, vit partir le comte de Blanchefort sans inquiétude, persuadée qu’il viendrait remplir ses promesses.

Il revint effectivement à-peu-près dans le temps qu’il lui avait promis ; mais, dans les premiers moments qu’ils furent ensemble, elle trouva dans ses manières quelque chose de si contraint, qu’elle en fut troublée.

Qu’avez-vous, monsieur, lui dit-elle, avec beaucoup d’émotion ? vos regards ont peine à s’arrêter sur