Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/355

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que vous me dîtes de mademoiselle de Magnelais me donna lieu de me flatter qu’elle avait part au mauvais traitement que je recevais.

Cette idée me donna un peu de tranquillité, et je pris dès-lors la résolution de ne vous rien cacher de ce qui s’était passé entre elle et moi. Je retournai dans cette intention chez madame de Polignac ; j’appris d’elle-même, mademoiselle, que vous étiez retournée à l’abbaye du Paraclet ; je fis dessein d’y aller, et j’avais tout disposé pour cela.

Je reçus, la surveille de mon départ, un billet de Bellomont : il me priait de me trouver le lendemain matin à un endroit d’un faubourg de Paris, assez écarté. Je ne suis pas naturellement porté à la méfiance ; j’eusse voulu d’ailleurs le trouver moins coupable. Je me figurai qu’il avait dessein de m’avouer ce qui s’était passé, et de concerter avec moi les moyens d’épouser mademoiselle de Magnelais.

La conversation commença par les protestations de son attachement pour moi. Après le début, qui me confirmait encore dans mon idée, Comment est-il possible, me dit-il, que vous puissiez faire le malheur d’une fille dont vous êtes si tendrement aimé ? J’ai été encore hier témoin de ses larmes : c’est par son ordre que je vous parle : elle est instruite de votre amour pour mademoiselle d’Essei. Permettez-moi, mademoiselle, ajouta le marquis de la Valette, de vous taire ce qu’il eut l’audace d’ajouter.

Peut-être n’aurais-je encore payé tant d’artifice et de mauvaise foi que par le plus profond mépris ; mais je ne fus plus maître de mon indignation, quand il