Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/357

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toujours reconnue dans le comte de Ligny, et le besoin de m’ouvrir à quelqu’un, m’obligèrent à lui parler. Nous convînmes qu’il enverrait au Paraclet un homme à lui, qui devait tâcher de vous parler : j’eusse bien voulu vous écrire ; mais je n’en avais ni la force, ni même la hardiesse.

Celui qui avait été chargé d’aller au Paraclet, nous rapporta que vous n’y étiez plus, que vous étiez chez madame de Polignac, où il avait vainement tenté de vous parler. Ces nouvelles me jetèrent presque dans le désespoir. Comment se flatter que les faibles bontés que vous m’aviez marquées tiendraient contre des torts assez apparents et contre les soins de mon rival ?

Le comte de Ligny tâchait en vain de me consoler ; il était lui-même obligé de convenir que mes craintes étaient légitimes. Je voulais, tout faible que j’étais, aller moi-même chez madame de Polignac ; mais les efforts que je voulais faire retardaient encore ma guérison ; et, pour achever de m’accabler, le duc d’Épernon tomba malade dans le même temps, et mourut sans avoir voulu m’accorder le pardon que je lui fis demander. Les calomnies de Bellomont avaient achevé de l’irriter contre moi : il avait eu l’audace de lui dire que je l’avais attaqué le premier, et que je ne m’étais porté à cette violence que parce qu’il avait voulu me représenter mes devoirs.

Cette imposture exigeait de moi que je le visse encore l’épée à la main : j’attendais avec impatience que mes forces me le permissent, quand un intérêt plus pressant m’a fait différer ma vengeance. Le comte de Ligny entra, il y a trois jours, dans ma chambre, avec