Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/375

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de cette solitude, me répondit M. d’Hacqueville ? et, tombant tout de suite à mes genoux : Je vous adore, ma chère Pauline, poursuivit-il, vous connaissez mon cœur, vous savez si je connais le prix du vôtre. Serai-je toujours malheureux ! Je baissai les yeux. Mon mari prit ma main, la baisa et la mouilla de quelques larmes. Je n’étais pas éloignée d’en répandre. Me pardonnerez-vous, lui dis-je ? Mon mari ne me répondit que par les transports les plus vifs. Ses caresses n’étaient interrompues que pour me rendre de nouvelles grâces.

Après s’être mis en possession de tous ses droits, il m’en demandait encore la permission ; il eût bien voulu partager mon lit ; mais, comme c’était une nouveauté pour mes femmes, je ne pus m’y résoudre, et mon mari voulut bien se prêter aux précautions que j’exigeais pour cacher notre commerce. Ce mystère, qui laissait toujours à M. d’Hacqueville quelque chose à désirer, soutenait la vivacité de sa passion, et lui donnait pour moi ces attentions, ces soins, qui ne sont mis en usage que par les amants, et dont ils se dispensent même bien vite quand ils se croient aimés.

À notre retour, Eugénie, que nous voyions presque tous les jours, remarqua avec plaisir la joie et la satisfaction de M. d’Hacqueville. Je n’étais pas de même ; mais je n’avais plus ce trouble et cette inquiétude dont on ne se délivre jamais entièrement quand on s’écarte de ses devoirs. Enfin, je faisais ce que je pouvais pour me trouver heureuse, et je l’étais autant qu’on peut l’être par la raison.

Notre maison de campagne avait acquis de nouveaux charmes pour M. d’Hacqueville ; il voulut y