Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/394

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enfant. Me dira-t-il aussi, dit M. d’Hacqueville avec un souris amer, par quel hasard cet enfant ressemble à votre amant ? Je ne devrais, dis-je, reconnaître personne à ce titre : je vous l’ai avoué ; j’ai eu de l’inclination, même de la tendresse, pour un homme que j’en ai cru digne ; mais, si je me suis souvenue de lui depuis que mon devoir m’a fait une loi de l’oublier, j’en étais punie et vous en étiez vengé par les reproches que je m’en faisais. Tout autre enfant que le sien aurait, dans des circonstances pareilles, obtenu mon secours ; c’est des mains de sa mère et de sa mère mourante que je l’ai reçu ; mais ce n’est point moi que vous en devez croire ; mon honneur demande un éclaircissement qui ne laisse aucun doute ; peut-être alors aurez-vous quelque regret de la douleur que vous me causez.

La vérité a des droits qu’elle ne perd jamais entièrement : quelque prévenu que fût M. d’Hacqueville, elle fit sur lui son impression. Je me croyais, dit-il, plus fort contre vous : finissons de grâce une conversation que je ne suis plus en état de soutenir. Ses gens, qu’il avait appelés, entrèrent dans le moment ; il me dit devant eux qu’il avait besoin de repos ; qu’il me priait d’aller dans l’appartement qui m’était destiné. Mon inquiétude ne me permit pas d’y demeurer ; je revins passer la nuit dans sa chambre, et je ne le quittai plus.

La fièvre augmenta considérablement dès cette nuit-là ; et le cinquième jour de mon arrivée, elle fut si violente que l’on commença à désespérer de sa vie. M. d’Hacqueville connut son état plus tôt que les mé-