Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/107

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ges et defumée. Comme l’air est rarement calme dans les parties supérieures, la dévotion y conduit le peuple pour rendre hommage au dieu des vents : on emploie trois jours à monter ; mais on peut descendre en moins de trois heures à l’aide d’un traîneau de paille, avec lequel on glisse sur la neige en hiver, et sur le sable dans la belle saison. Les iammabos, ou les prêtres de la montagne, sont consacrés au culte de l’Éole japonais. Leur mot du guet est fudsiiamma, qu’ils répètent sans cesse en mendiant. Cette fameuse montagne exerce souvent les poëtes et les peintres du Japon.

À l’extrémité de Toghitz on trouve une garde impériale pour arrêter les femmes et les armes. Les recherches sont ici très-rigoureuses, parce que Toghitz est comme une clef de la capitale de l’empire, et qu’aucun des princes venant de l’occident ne peut éviter ce passage lorsqu’il se rend à la cour. Si l’on soupçonne qu’entre les passans il y ait une femme travestie en homme, elle est visitée rigoureusement ; mais c’est à des femmes qu’on abandonne ce soin. Assez près du corps-de-garde, Kœmpfer s’arrêta d’étonnement à la vue de cinq chapelles et d’autant de prêtres qui poussaient des hurlemens effroyables en battant sur de petites cloches plates ; mais il fut encore plus surpris lorsque, ayant vu tous les Japonais du cortége jeter des pièces de monnaie dans la chapelle, et recevoir en échange un papier qu’ils portaient respectueusement sur le rivage d’un lac voisin pour