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que les Japonais nomment Mariam ; l’un dans la province de Tsikusen, et celui de Nangasaki. Les femmes de cette île sont les plus belles du Japon, à l’exception néanmoins de celles de Méaco, qui les surpassent encore. Kœmpfer assure que les habitans de Nangasaki peuvent placer leurs filles dans le Mariam, lorsqu’elles ont quelques agrémens. Elles sont achetées fort jeunes par les administrateurs de cet étrange commerce, qui peuvent en avoir jusqu’à trente dans la même maison. Elles y sont fort bien logées ; on les forme soigneusement à danser, à jouer des instrumens, à écrire des billets tendres, et généralement à tous les exercices qui conviennent à leur profession. Le prix de leurs faveurs est fixé par les lois. Celles qui se distinguent par des qualités extraordinaires sont logées et vêtues avec distinction. Une des moins agréables est obligée de veiller pendant la nuit, dans une loge, à la porte de la maison, pour la commodité des passans, le paiement est la plus petite monnaie du pays. Celles qui se conduisent mal sont condamnées par punition à faire cette garde. La plupart de ces filles se marient après le temps de leur service. Elles en trouvent d’autant plus facilement l’occasion, qu’elles ont été bien élevées, et l’opprobre de leur jeunesse ne tombe que sur ceux qui les ont achetées pour corrompre leur innocence. Aussi rien n’est si méprisé que cette espèce d’hommes. Quoiqu’ils amassent des biens considérables, ils ne sont jamais reçus dans la société des hon-