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nêtes gens ; on leur donne l’odieux nom de katsava, qui signifie l’ordure du peuple. Ils sont mis au rang des tanneurs de cuir, c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus infâme dans l’idée des Japonais ; et dans l’exécution des criminels, ils sont obligés d'envoyer leurs domestiques pour aider le bourreau.

Le mot de Gokuia, qui signifie l’enfer, est le nom de la prison publique. C’est un édifice au centre de la ville ; il contient un grand nombre de petites chambres séparées. Kœmpfer ajoute que de son temps cette prison renfermait plusieurs personnes soupçonnées de christianisme, c’est-à-dire d’un des crimes les plus graves dans la législation japonaise, et surtout dans ce temps peu éloigné de la révolution qui avait détruit cette religion. Les cérémonies du Jéfumi prouvent jusqu’où est portée, dans ce pays, l’horreur que l’on a pour la loi des chrétiens.

Au dernier mois de chaque année, le nitziogosi, un des officiers de chaque rue, fait le fito-aratame, c’est-à-dire qu’il prend par écrit le nom de tous les habitans de chaque maison, sans distinction d’âge ni de sexe, avec la date et le lieu de leur naissance, leur profession et leur religion. Ce dénombrement terminé, l’on attend le second jour de la nouvelle année pour commencer ce qu’on nomme le Jéfumi. C’est un acte solennel d’abjuration du christianisme, dans lequel on foule aux pieds l’image de Jésus-Christ attaché à la croix, et celle de sa mère.