Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/138

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Kœmpfer en rapporte ainsi les circonstances. « Ceux qui sont chargés de cette infernale exécution commencent des deux côtés différens de la rue, et vont de maison en maison. Ils parcourent ainsi cinq ou six rues par jour. Les officiers qui doivent être présens, sont l’ottona, ou le chef de la rue ; le fifzia, ou le greffier ; le nitzi-gosi, ou le messager ; et deux monbans, c’est-à-dire deux archers, qui portent les images. Ces figures sont de cuivre jaune, de la longueur d’un pied, et se gardent dans une boîte pour cet usage. Voici l’ordre de l’abjuration. Les inquisiteurs, assis sur une natte, font appeler toutes les personnes dont la liste contient les noms, c’est-à-dire le chef de famille, sa femme, ses enfans, avec les domestiques de l’un et de l’autre sexe, tous les locataires de la maison, et quelquefois aussi les plus proches voisins, dont les maisons ne sont pas assez grandes pour la cérémonie. On place les images sur le plancher nu ; après quoi le jéfumi-tsie, qui est le secrétaire de l’inquisition, prend la liste, lit les noms, et somme chacun successivement, à mesure qu’il paraît, de mettre le pied sur les images. Les enfans qui ne sont pas en état de marcher sont soutenus par leurs mères, qui leur font toucher les images avec les pieds. Ensuite le chef de famille met son sceau sur la liste, pour servir de certificat, devant le gouverneur, que le jéfumi a eu lieu dans sa maison. Lorsque les inquisiteurs ont parcouru toutes les maisons de la ville, ils foulent eux-mêmes