Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/153

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obligés de passer six mois de l’année à Iedo, et d’y venir avec un pompeux cortége. Les autres seigneurs doivent y aller au moins une fois en deux ans, et chaque fois qu’ils y sont appelés. Chacun a son époque fixée pour les voyages, qui ne se font qu’à grands frais. Avant d’arriver à Iedo, leur bagage est visité par des commissaires impériaux, auxquels il est expressément défendu de laisser passer des armes. Ils sont fréquemment obligés de donner des repas et des fêtes qui leur coûtent beaucoup. Leurs femmes et leurs enfans demeurent habituellement à Iedo, et ne peuvent se dispenser d’y vivre avec splendeur. Enfin, lorsque l’empereur forme quelque entreprise considérable, il en charge un certain nombre de seigneurs qui sont obligés de l’exécuter à leurs frais. La politique de cette cour paraît fondée tout entière sur la crainte et la défiance.

Lorsqu’un prince ou un seigneur bâtit une maison, il faut qu’outre la porte ordinaire, il en fasse faire une autre dorée, vernissée et ornée de bas-reliefs. On la couvre de planches, pour en conserver la beauté, jusqu’à ce qu’il plaise à l’empereur de rendre visite au maître de la maison, qui lui donne alors un somptueux festin. L’invitation se fait trois années auparavant, et cet intervalle est employé tout entier aux préparatifs. Tout ce qui doit servir est marqué aux armes de l’empereur, qui a seul le droit de passer par la porte dorée ; après quoi elle est condamnée pour toujours.