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que, l’application s’en faisant d’ordinaire le long de l’épine du dos et des deux côtés jusqu’aux reins, il n’y a personne au Japon qui n’ait le dos cicatrisé comme s’il avait été fouetté cruellement. Ce caustique se nomme moxa. C’est un duvet doux, assez semblable à la filasse du lin, d’un gris cendré, qui prend feu aisément, quoiqu’il brûle avec lenteur, et qu’il donne une chaleur modérée. Il se fait de feuilles séchées de l’armoise ordinaire à grandes feuilles, qu’on arrache dans la jeunesse de la plante, et qu’on expose long-temps au grand air. Sa brûlure se fait à peine sentir : elle passe pour un remède si certain, et pour un préservatif si puissant, que, toute la nation japonaise étant persuadée de sa vertu, on accorde aux malheureux mêmes qui sont condamnés à une prison perpétuelle la permission de sortir une fois en six mois pour se faire appliquer le moxa.

Les Japonais distinguent trois sortes de petite-vérole : la première, qui ressemble à celle de l’Europe ; et la seconde, qui ne diffère pas de ce que nous nommons la rougeole ; mais la troisième est particulière au Japon : elle consiste dans un grand nombre de pustules aqueuses, qui paraissent venir des boissons froides, dont l’usage est commun dans ces îles. Mais ces trois maladies sont traitées peu sérieusement. Le remède ordinaire est d’envelopper le malade dans un drap rouge. Lorsque les enfans du sang impérial en sont attaqués, non-seule-