Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

valait bien l’autre. « Je vais vous faire voir, reprit le premier, la différence qu’il y a de l’une à l’autre ; » et sur-le-champ il tire son poignard, et s’en ouvre le ventre. Le second, sans répliquer, monte en diligence, pour servir sur la table de l’empereur un plat qu’il tenait en main, revient ensuite, et trouvant son adversaire qui expirait, il lui dit qu’il l’aurait prévenu, s’il n’eut été occupé du service du prince, mais qu’il le suivrait de près, pour lui faire voir que son épée valait bien la sienne. Aussitôt il se fendit le ventre et tomba mort. Il y a sans doute un grand courage à braver ainsi la mort ; mais n’y a-t-il pas une rage insensée à se la donner avec si peu de raison ? Il faut de la mesure dans les vertus.

Dans les festins, le cérémonial ne finit point ; malgré le nombre des domestiques, on n’entend pas une parole, et l’on ne remarque pas la moindre confusion. Les plats sont ornés de rubans de soie ; on ne sert pas un oiseau qui n’ait le bec et les pâtes dorés : tout le reste est orné à proportion. La fête est ordinairement accompagnée de musique ; en un mot, il ne manque rien à la satisfaction des yeux et des oreilles ; mais la chère est fort mauvaise.

Toutes les villes ont une place fermée de grilles, d’où l’on annonce au peuple la volonté suprême, comme les Japonais s’expriment, c’est-à-dire, les édits et les ordres particuliers de l’empereur.

Les maisons des particuliers dans les villes