Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/225

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ou quatre reprises dans l’espace de vingt-quatre heures ; enfin le même voyageur décrit une autre source qui a quelque chose encore de plus singulier. Elle sort d’une espèce de puits dont les côtés sont garnis de pierres fort grosses et fort pesantes : elle ne coule qu’à certaines heures, mais elle coule avec tant d’abondance et avec un vent si fort, que les pierres en sont ébranlées. La première eau sort à la hauteur de trois ou quatre brasses : sa chaleur surpasse le degré auquel on peut échauffer l’eau commune, et se conserve aussi beaucoup plus long-temps.

Cette multitude de volcans et de bains chauds prouve assez que la terre du Japon renferme beaucoup de soufre ; mais on en a beaucoup d’autres preuves. Kœmpfer connaissait peu de pays où cette substance fût plus abondante. On en tire souvent une si prodigieuse quantité d’une île de la province de Satsuma, qu’elle en a pris son nom. Il n’y a pas plus d’un siècle qu’on a eu la hardiesse d’y aborder : elle passait auparavant pour inaccessible, à cause d’une fumée noire et épaisse qui en sort continuellement, et qui présentait des monstres horribles à l’imagination des peuples voisins. Personne ne doutait que l’île ne fût habitée par des esprits infernaux. Un particulier moins timide demanda la permission d’y entrer. Il choisit cinquante hommes résolus avec lesquels il osa descendre au rivage. Après avoir traversé quelques bois, il trouva un ter-