Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/262

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vait exister, mais à entreprendre de le découvrir. Qu’importe qu’on trouve dans Platon quelques lignes qui semblent caractériser l’Amérique ? Le grand homme est celui qui a osé dire : « Venez, suivez moi. Je serai votre guide dans une mer inconnue et dans l’immensité de l’Océan. Venez, et nous voguerons sans autre but, sans autre espérance que ce monde que nul n’a vu et que je m’engage à vous faire voir. »

Il le dit, et il en vint à bout ; et cependant la destinée, qui se joue de toutes les grandeurs, n’a pas même permis qu’il donnât son nom à cette terre qu’il nous avait donnée. Il fallait qu’un Florentin, qui l’avait aperçue par hasard, nommât l’Amérique, que Colomb seul a réellement découverte, et qu’on trouvât partout sur les monumens du génie : Feci ; tulit alter honores.

On a pendant long-temps prétendu que l’on manquait de renseignemens positifs sur l’extraction et le lieu de la naissance de Christophe Colomb, et l’on ajoutait que ses propres enfans mêmes n’avaient pu lever ce doute. Les ennemis de la gloire de ce grand homme, et il s’en est trouvé un grand nombre parmi ses contemporains, se sont attachés à déprécier sa personne, et ont répandu qu’il était d’une très-basse extraction, sans songer que, son mérite en eût été d’autant plus relevé aux yeux de la postérité. Mais il était issu d’une famille illustre du Plaisantin. « Je ne suis pas, s’écrie-t-il dans