Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/265

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lomb y était plus connu que dans la république de Gênes, d’où il était sorti dès l’enfance. On savait à Lisbonne, où il s’était établi, et qui était à cette époque le rendez-vous des hommes les plus habiles en astronomie, en géographie et en navigation, qu’il avait joint une longue pratique à ses connaissances. On remarquait notamment qu’il connaissait parfaitement l’art d’observer la latitude, ou la hauteur du pôle par l’astrolabe ; ce que personne avant lui n’avait pratiqué en haute mer, quoiqu’on en fit des leçons publiques dans les écoles ; et son frère, qui s’était retiré comme lui en Portugal, s’y était acquis beaucoup de réputation pour les cartes marines et les sphères, qu’il exécutait dans une perfection dont on n’avait pas encore eu d’exemple. Aussi fut-il écouté si favorablement, que la cour nomma d’abord des commissaires pour examiner ses offres ; mais il devint la dupe de leur mauvaise foi. Lorsqu’ils eurent reçu ses explications, ils persuadèrent au roi de faire partir secrètement une caravelle, avec ordre de suivre exactement ses mémoires, qu’ils avaient recueillis dans leurs conférences. À la vérité, leur artifice ne tourna qu’à leur honte. Le pilote portugais, qui n’avait ni la tête ni le courage du Génois, n’alla pas fort loin sans être effrayé par les difficultés de l’entreprise, et revint publier à Lisbonne que les nouveaux projets étaient autant de chimères. Colomb, dans l’indignation de se voir trompé, prit aussitôt la résolution de quitter