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pays ; il leur donna six jours pour cette expédition, et dans l’intervalle il fit radouber son navire. On remarqua que tout le bois qui fut brûlé rendait une sorte de gomme ou de mastic, et que les feuilles ressemblaient à celles du lentisque.

Au retour des deux Castillans, qui amenaient trois Indiens de l’île, on apprit d’eux qu’ayant fait vingt-deux lieues dans les terres, ils étaient arrivés à l’entrée d’un village composé de cinquante maisons, qui contenaient environ mille habitans nus, hommes et femmes, mais d’un caractère si doux, qu’ils s’étaient empressés de venir au-devant d’eux, de leur baiser les pieds, et de les porter sur leurs bras ; qu’on les avait fait asseoir sur des siéges d’une forme bizarre et garnis d’or ; que pour alimens on leur avait donné des racines cuites, dont le goût ressemblait à celui des châtaignes ; qu’on les avait pressés de passer quelques jours dans l’habitation pour se reposer ; et que, n’ayant pu les arrêter par leurs prières et leurs caresses, ces bons insulaires avaient permis à trois d’entre eux de les accompagner jusqu’au rivage : ils ajoutèrent que dans le voyage ils avaient rencontré plusieurs hameaux, dont les habitans leur avaient fait le même accueil ; que le long du chemin ils avaient vu quantité d’autres Indiens, la plupart avec un tison à la main pour faire cuire leurs racines, ou certaines herbes dont ils se parfumaient, et que leur méthode pour allumer du feu était de frotter un morceau de bois avec