Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/301

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longueur de son absence sur le mauvais temps. La fausseté de cette excuse n’empêcha point l’amiral de recevoir ses soumissions. Il raconta qu’étant allé de port en port, il avait troqué ses marchandises pour de l’or, dont il avait pris la moitié pour lui et distribué l’autre à son équipage. L’amiral ferma les yeux sur cette nouvelle témérité ; et, continuant de ranger la côte, il rencontra plusieurs autres caps, auxquels il donna des noms qu’Herréra nous a conservés, sans expliquer leur situation. Le 12, il fit trente lieues, avec beaucoup d’étonnement de trouver l’île si grande. Là, se trouvant vis-à-vis d’une grande baie, formée par une presqu’île, que les insulaires nommaient Samana, et qui porte encore aujourd’hui le même nom, il entreprit de la faire visiter. Quelques matelots qu’il envoya dans une chaloupe observèrent sur le rivage un grand nombre de sauvages armés d’arcs et de flèches. Ce spectacle, qui était jusqu’alors sans exemple pour les Castillans, ne les empêcha point d’aborder. Ils furent si bien reçus, qu’après avoir donné des bagatelles en échange pour quelques armes des Américains, ils en engagèrent un à les accompagner jusqu’à bord. L’amiral lui fit sur les mines d’or et sur les Caraïbes diverses questions auxquelles il satisfit avec beaucoup d’intelligence. Lorsqu’il eut été renvoyé avec quelques présens, les matelots qui les conduisaient furent surpris, en descendant à terre, de se voir environnés d’une troupe de sauvages armés, qui s’étaient