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ceux qui leur apportaient les exemples du brigandage.

Une haute montagne sépare le pays qu’on avait traversé de la province de Cibao. Il fallut employer les pionniers pour s’ouvrir l’accès de cette montagne. L’amiral, ayant eu la curiosité de monter au sommet, découvrit de là l’île presque entière.

Le nom de Cibao, que les insulaires donnent à cette province, vient de la nature du terroir, qui n’est composé que de montagnes pierreuses, et de rocs ou de cailloux, qui s’appellent ciba dans leur langue. Quoique l’entrée du pays soit affreuse, on s’aperçoit bientôt que l’air y est doux et fort sain. Il y coule de toutes parts des rivières et des ruisseaux. L’ombrage y est rare sur les montagnes, mais les lieux bas et le bord des eaux sont couverts de pins d’une extrême hauteur, qui, sans être fort près les uns des autres, paraissent former dans l’éloignement de grandes et belles forêts.

La vue d’un pays si riche les fit penser sérieusement à s’en assurer. À dix-huit lieues d’Isabella, ils avaient déjà trouvé quantité de mines d’or, une mine de cuivre et deux carrières d’ambre et d’azur. Il était si difficile de revenir souvent à cheval et de conduire des voitures dans un pays rempli de pierres et de montagnes, que cet obstacle seul aurait suffi pour les obliger d’y former un établissement ; mais l’amiral ne sentit pas moins l’importance de bâtir un fort pour mettre les habitans sous