Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le joug. Il en traça lui-même le plan sur une montagne dont la rivière de Xanique faisait une presqu’île. Quoiqu’il n’y eût pas beaucoup d’or dans cette rivière, le canton qu’elle arrose était rempli de mines. La forterresse fut bâtie de pierre et de bois, et ceinte d’un bon fossé dans l’endroit où la rivière laissait un passage par terre. On lui donna le nom de Saint-Thomas, pour railler les incrédules qui n’avaient pas voulu croire ce qu’on publiait des mines de Cibao sans les avoir vues de leurs propres yeux. Il se trouva dit-on, dans les fondemens des nids de paille, qui parurent assez anciens, et qui contenaient des œufs pétrifiés aussi ronds et aussi gros que des oranges.

L’amiral confia le gouvernement de cette importante place au commandeur don Pedro de Margarita, et lui laissa cinquante-six hommes, qui étaient un mélange de soldats et d’ouvriers. Ensuite, craignant pour Isabella dans une si longue absence, il se hâta d’y retourner par la même route. Une grande pluie, qui n’avait pas cessé depuis quelques jours, lui fit trouver tant de difficultés au passage des rivières, qu’il fut obligé de camper plusieurs fois entre les habitations des Américains. C’était autant d’occasions de se les attacher par ses caresses et ses bienfaits. En approchant de sa colonie, il fut surpris du progrès de tout ce qu’il avait fait semer deux mois auparavant. Il y trouva d’excellens melons ; les concombres étaient venus en vingt jours ; le blé, qui n’avait