Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/346

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accompagner de l’adelantade jusqu’à Puerto de Plata, qu’il voulait visiter avec lui, dans le dessein d’y bâtir une ville ; ensuite, prenant congé de son frère, qui retourna par terre à la colonie, il fit gouverner à l’est, vers le cap d’Engano, et l’ayant doublé le 22, il aborda le 9 à Marie-Galande ; mais la difficulté de faire de l’eau et du bois l’obligea d’aller mouiller le jour suivant à la Guadeloupe. Sa surprise fut extrême d’y voir le rivage bordé d’un grand nombre de femmes armées d’arcs et de flèches, qui s’opposèrent à l’approche de ses barques. Deux Américains de ceux qu’il avait amenés de l’île espagnole se jetèrent à la nage pour avertir cette troupe d’Amazones qu’on ne pensait point à leur nuire, et qu’on ne leur demandait que des vivres ; elles répondirent que leurs maris étaient de l’autre côté de l’île, et que c’était à eux qu’il fallait s’adresser ; et, voyant que les barques n’avançaient pas moins, elles tirèrent une nuée de flèches, dont personne ne fut blessé ; bientôt le bruit des arquebuses les mit en fuite : les Castillans entrèrent dans l’île, sans être sûrs que ce ne fût pas la terre ferme. Ils y trouvèrent de très-gros perroquets, du miel, de la cire et quantité de ces plantes dont les insulaires faisaient du pain, et qu’ils nommaient cazabi, d’où les Français ont fait cassave. Un détachement qui fut envoyé dans les terres amena quarante femmes, entre lesquelles était l’épouse du cacique, qu’on n’avait pas eu peu de peine à joindre dans sa