Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/366

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gouverneur. Après les avoir lues, il déclara que la première ne contenait rien qu’il n’eût demandé lui-même ; mais que, l’autre ne s’accordant point avec les patentes irrévocables de vice-roi et d’amiral qu’il avait reçues de leurs majestés, il ne pouvait se persuader qu’elle vînt de cette respectable source ; qu’il ne s’opposait point à l’administration de la justice dont Bovadilla était chargé, mais qu’il allait écrire en Espagne, et qu’en attendant les explications de la cour sur les événemens qui lui paraissaient obscurs, il sommait tous les sujets des rois catholiques de demeurer dans la soumission qu’ils lui devaient. On ne douta point alors que cette querelle ne dégénérât en guerre civile, surtout lorsque le commandeur eut affecté de ne pas répondre à une lettre qu’il reçut de l’amiral. Mais tout fut éclairci quelques jours après par l’arrivée de Vélasquez, trésorier royal, et d’un religieux franciscain, qui remirent à Colomb une lettre signée de la main du roi et de la reine. Elle était dans ces termes : « Don Christophe Colomb, notre amiral dans l’Océan : nous avons ordonné au commandeur don François de Bovadilla de vous expliquer nos intentions. Nous vous ordonnons d’y ajouter foi, et d’exécuter ce qu’il vous dira de notre part. Moi, le roi ; moi, la reine. » Les réflexions que l’amiral fit sur cette lettre, dans laquelle il ne manqua point d’observer qu’on ne lui donnait pas le titre de vice-roi, le déterminèrent à reconnaître Bovadilla dans toutes les qualités