Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/386

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tilités. Quoiqu’elles eussent peu duré, les Castillans mandèrent au gouverneur général que la reine de Xaragua méditait quelque dessein, et qu’il était important de la prévenir. Ovando connaissait le caractère de ceux qui lui donnaient cet avis : cependant il prit ce prétexte pour se rendre dans la province à la tête de trois cents hommes de pied et soixante-dix chevaux, après avoir publié que le sujet de son voyage était de recevoir le tribut que la reine devait à la couronne de Castille, et de voir une princesse qui s’était déclarée dans tous les temps en faveur de la nation espagnole ; la confiance d’Anacoana semble prouver qu’elle n’avait rien à se reprocher : elle ne parut occupée qu’à faire au gouverneur une réception honorable ; elle assembla tous ses vassaux pour grossir sa cour et donner une haute idée de sa puissance : les écrivains espagnols en comptent jusqu’à trois cents, auxquels ils donnent le titre de caciques. À l’approche du gouverneur, elle se mit en marche pour aller au-devant de lui, accompagnée de cette noblesse et d’un peuple innombrable, tous dansant à la manière du pays, et faisant retentir l’air de leurs chants. La rencontre se fit assez proche de la ville de Xaragua, et l’on se donna mutuellement des marques de confiance et d’amitié. Après les premiers complimens, Ovando fut conduit, parmi des acclamations continuelles, au palais de la reine, où il trouva dans une salle très-spacieuse un festin qui