Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/387

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l’attendait : tous ses gens furent traités avec profusion, et le repas fut suivi de danses et de jeux. Cette fête dura plusieurs jours, avec autant de variété que de magnificence ; et les Castillans admiraient, suivant le rapport de leurs historiens, le bon goût qui régnait dans une cour barbare.

Ovando proposa, de son côté, à la reine de Xaragua une fête à la manière d’Espagne, pour le dimanche suivant, et lui fit entendre que, pour y paraître avec plus de grandeur, elle y devait avoir toute sa noblesse autour d’elle. Cet avis semblait plus fait pour flatter son ambition que pour lui inspirer de la défiance. Elle retint ses trois cents vassaux, et leur donna le même jour un grand repas, à la vue d’un peuple infini, que la curiosité du spectacle n’avait pas manqué de rassembler. Toute sa course trouva réunie dans une salle spacieuse, dont le toit était soutenu d’un grand nombre de piliers, et bordait la place qui devait servir de théâtre à la fête. Les Espagnols, après s’être un peu fait attendre, parurent enfin en ordre de bataille : l’infanterie, qui marchait la première, occupa sans affectation toutes les avenues de la place ; la cavalerie vint ensuite avec le gouverneur général à sa tête, et s’avança jusqu’à la salle du festin qu’elle investit : tous les cavaliers castillans mirent alors le sabre à la main. Ce spectacle fit frémir la reine et tous ses convives ; mais, sans leur laisser le temps de se reconnaître, Ovando porta la main