Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/388

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à sa croix d’Alcantara, signal dont il était convenu avec ses troupes. Aussitôt l’infanterie fit main-basse sur le peuple dont la place était remplie, tandis que les cavaliers, mettant pied à terre, entrèrent brusquement dans la salle. Les caciques furent attachés aux colonnes ; et, sans autre forme de justice, on mit le feu à la salle : tous ces infortunés furent réduits en cendre. La reine, destinée à des traitemens plus honteux, fut chargée de chaînes et présentée au gouverneur, qui la fit conduire, dans cet état, à San-Domingo, où son procès fut instruit dans les formes d’Espagne. Elle fut déclarée convaincue d’avoir conspiré contre les Espagnols, et condamnée au plus ignominieux supplice, celui de la potence. On fit périr, dans la fatale journée de Xaragua, un nombre infini d’Américains, sans distinction d’âge ni de sexe. Quelques cavaliers ayant sauvé par pitié plusieurs jeunes enfans qu’ils menaient en croupe, et qu’ils réservaient pour l’esclavage, d’autres venaient percer derrière eux ces malheureux enfans, ou leur coupaient les jambes et les abandonnaient dans cet état. De ceux qui échappèrent à la fureur du soldat, quelques-uns se jetèrent dans des canots que le hasard leur fit trouver sur le bord de la mer, et passèrent dans une île nommée Guanabo, à huit lieues d’Espagnola ; mais ils y furent poursuivis, et s’ils obtinrent la vie, ce fut pour tomber dans une servitude plus dure que la mort. Un parent de la reine, nommé Guaro-