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il sort des espèces de noyaux qui se terminent en cônes ; et, quoique la matière dont ils sont faits ne diffère en rien de celles des montagnes mêmes, ils sont pourtant plus tendres, plus purs et plus clairs. » Kracheninnikov dit qu’on peut regarder ces noyaux, qu’il croit formés « par quelque mouvement intérieur de la terre, et surtout par sa pression vers le centre, comme une espèce de cristal, ou comme la matière la plus pure des montagnes, qui, sortant du centre, est d’abord liquide, et se durcit ensuite à l’air. »

L’île de Behring est environnée au nord-est, jusqu’à quatre ou cinq verstes, de bancs de rochers, qui semblent avoir été détachés par la mer, de l’île même dont ils augmentaient la largeur. Ces rocs ont les mêmes couches que les montagnes, et l’on aperçoit entre eux des traces du cours d’une rivière. Sous ces rocs les plus escarpés, l’eau est basse, contre l’observation générale, qui trouve presque toujours la profondeur de l’eau sur les rivages de la mer proportionnée à l’élévation des côtes. Enfin ce qui prouve combien l’Océan travaille fortement sur cette île, c’est qu’en moins de six mois elle a changé de face dans un endroit où une montagne est tombée dans la mer.

Mais l’île de Behring, remarquable par elle-même, ne l’est peut-être pas moins par celles qu’on découvre dans ses environs. Ce sont autant de signaux que la nature a mis sur le chemin du nord de l’Asie à l’Amérique pour ou-