Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/50

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vrir ce dernier continent aux Russes. Peut-être verra-t-on les riches conquérans de la zone torride exposés aux mêmes révolutions que les peuples méridionaux de l’Europe ont plus d’une fois éprouvées sur notre hémisphère. Ce bouleversement des empires et des nations, est d’autant plus facile à prévoir dans le lointain des siècles, que les Russes ont conservé l’esprit conquérant de leurs ancêtres, et que les maîtres du Mexique et du Brésil ne promettent pas d’être des Romains.

Quoi qu’il en soit de l’avenir[1], assurons-nous d’un présent plus heureux, si cependant les progrès de la navigation sont réellement ceux du bonheur des hommes.

Au sud de l’île de Behring est une île de quatre-vingts à cent verstes de longueur. Elles sont séparées l’une de l’autre par un détroit de vingt verstes, au nord-ouest, et d’environ quarante au sud-est. Les montagnes de la dernière sont moins hautes que celles de la première. On y trouve, à trente brasses au-dessus du niveau de la mer, une grande quantité de troncs d’arbres et de squelettes entiers de bêtes marines, que la mer y a vomis sans doute dans une inondation.

La terre y est sujette à de fréquens tremblemens, dont quelques-uns, au rapport des voyageurs, y ont duré l’espace de six minutes. Du reste, le climat de cette île est plus rude et plus piquant que celui du Kamtchatka, soit

  1. Ceci est écrit en 1780.