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usés et dégoûtans. Cet usage est d’autant plus étonnant, que les Koriaks fixes ont des mœurs tout-à-fait opposées. Chez eux, c’est une politesse d’offrir sa femme ou sa fille à un étranger ; une injure de refuser cette offre. Un Koriak fixe tuerait un homme qui n’aurait pas voulu prendre sa place dans le lit conjugal, comme un Koriak à rennes assassinerait celui qu’il trouverait avec sa femme. Le bien et le mal en ce genre dépendent des conventions. Le Koriak fixe ne fait que changer de lit et de femme avec l’ami qu’il reçoit chez lui. Les femmes, à leur tour, mettent tout en usage pour entretenir cette réciprocité de bons offices entre les maris. On les voit se parer de leurs beaux habits, se peindre de blanc et de rouge.

Les Tchouktchis sont une espèce de Koriaks plus fiers et plus forts que les deux autres peuples ; sans les Russes, ils enlèveraient, dit-on, les rennes aux Koriaks errans, pour les obliger a vivre en esclaves, de racines et de poissons, comme les sédentaires. Les Tchouktchis ont les femmes les plus complaisantes ; elles sont toutes nues dans leurs yourtes, assises sur leurs talons, par un reste de pudeur, mais occupées à admirer les belles figures qu’elles se sont tracées par tout le corps ; plus enchantées de ces ornemens qui ne les quittent jamais, et qui tiennent à leur peau, que des riches habits qui leur seraient étrangers.

Les Koriaks errans habitent partout où il y