Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/70

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fleuve Kamtchatka, appellent le vent d’orient kouncouchkt, c’est-à-dire vent de mer ; celui d’occident, eemchk, vent de terre ; celui du nord, tinghiltchkt, c’est-à-dire vent froid ; celui du sud-ouest, ghinghieemchkht, c’est-à-dire, saison des femmes, parce que, dans ce vent de pluie, le ciel pleure comme une femme. Ainsi les Kamtchadales, comme tous les peuples originaux, ne désignent les choses que par les rapports qu’elles ont avec eux, ou même entre elles. Pour différencier les vents, ils remarquent leurs effets principaux, et attachent à chacun l’idée de la sensation qu’ils en éprouvent, ou de la circonstance accessoire qui est la plus frappante pour eux. Si l’on cherchait l’étymologie de tous les noms primitifs de chaque langue originelle, on trouverait toujours que c’est la nature, et non le hasard, qui a guidé les hommes dans la formation des mots. Les Koriaks du nord appellent le vent, kittickh ; et les insulaires de Karaga le nomment gichtkchatchgan. On aperçoit dans la construction de ces syllabes un dessein d’imiter le bruit des vents. Quand ces peuples ont voulu désigner la position des vents, ils ont joint la syllabe qui représentait le mieux le bruit du vent, au mot représentatif de la chose, qui marquait sa position. C’est assez la marche de l’esprit humain dans la formation des langues. Il est aisé d’en trouver une nouvelle preuve dans le vocabulaire suivant.