Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/80

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comme nous l’appelons poupon ; et sa mère aapou, d’un nom relatif à l’enfant. Ils appellent un arc kou, comme les Anglais l’appellent bow. Ils appellent un canot tchip, mot très-analogue à ship, qui signifie en anglais un vaisseau. Quelle que soit l’origine de ces mots, la langue kourile paraît isolée comme les habitans qui la parlent. Elle semble, par ses terminaisons et sa conformation, avoir plus de rapport à la plupart des langues sauvages de l’Amérique septentrionale qu’aux langues barbares du continent de la Sibérie et de la Mongolie. Ne serait-ce qu’un effet de vaine curiosité d’examiner l’analogie de toutes les langues des sauvages insulaires pour savoir si c’est la nature qui les a dictées aux hommes sans le secours de leur réflexion ; comment elle a varié les dénominations des mêmes êtres ; en un mot, ce que le climat, le sol, la mer et les productions ont apporté d’influence dans la composition de ces langues ? Plus elles seront pauvres, bornées, monosyllabiques, plus il sera facile de les comparer. On doit trouver entre elles les mêmes différences qu’on remarquera dans les peuples qui les parlent, et dans les choses qu’elles représentent.

Quant aux langues ou dialectes du Kamtchatka, elles ont beaucoup de ressemblance, soit entre elles, soit avec celles du continent où cette presqu’île est attachée. Mais la nature paraît avoir souvent guidé par l’analogie les inventeurs des mots qui la composent. Les