Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/81

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mots bouijimt et simijimtch, qui signifient sable, sont également composés des mots chemt ou semt, terre, et des mots ajam et ii, qui veulent dire eau, comme si le sable n’était qu’une terre couverte ou baignée d’eau. Les mots ououd, ouda, qui signifient bois, sortent visiblement des mots oua, ou, ouou, qui veulent dire arbre. Ououd est composé d’oua, comme un bois est composé d’arbres. Peut-être tous ces mots ne sont-ils qu’une imitation du bruit que font les arbres agités par les vents. Si cette conjecture est hasardée, en est-ce une aussi téméraire de croire que le mot anglais oak, chêne, a quelque analogie avec le mot kamtchadale oua ? Mais d’où ces deux nations si éloignées l’une de l’autre ont-elles tiré des mots qui leur sont communs ? Les Saxons, qui conquirent l’Angleterre, y auraient-ils apporté des mots originairement mongols ou sibériens ? Le même mot serait-il né sans transplantation, comme le même arbre, dans des îles ou des pays isolés ? Est-ce le bruit du vent à travers les feuillages qui a dicté le même son aux Bretons et aux Kamtchadales, situés à peu près sous la même latitude, mais séparés par 150 degrés de longitude ? Les mots il et hill, l’un kamtchadale, l’autre anglais, qui signifient montagne, ont-ils une origine commune dans une langue primitive ? Viennent-ils immédiatement de la nature, qui, sous un climat à peu près égal, aurait dicté le même signe du même objet à ces deux peuples ? L’analogie ne marche